(Poème de Jacques BRAULT, 1933- )
Tu es beau mon pays tu es vrai avec ta chevelure de fougères
et ce grand bras d’eau qui enlace la solitude des îles
Tu es sauvage et net de silex et de soleil
Tu sais mourir tout nu dans ton orgueil d’orignal roulé dans les poudreries aux longs cris de sorcières l…]
Ô glaise des hommes et de la terre comme une seule pâte
qui lève et craquelle
Lorsque l’amande tiédit au creux de la main et songeuse en
sa pâte se replie
Lorsque le museau des pierres s’enfouit plus profond dans
le ventre de la terre
Lorsque la rivière étire ses membres dans le lit de la savane
Et frileuse écoute le biceps des glaces étreindre le pays sauvage
Voici qu’un peuple apprend à se mettre debout
Debout et tourné vers la magie du pôle debout entre trois
océans
Debout face aux chacals de l’histoire face aux pygmées de
la peur
Un peuple aux genoux cagneux aux mains noueuses tant il
a rampé dans la honte
Un peuple ivre de vents et de femmes s’essaie à sa nouveauté
Jacques BRAULT
(Mémoire, extrait ici de Suite fraternelle, Université d’Ottawa, 1969)
Par France Bonneau