(Un poème de France Bonneau)
Je n’ai qu’un pays et il m’échappe
Je lui crie et je hurle: Où es tu? Que fais-tu?
Que deviens-tu dans les villes et les villages d’ici?
Sur ces terres qui sont les tiennes, les miennes, les nôtres
Réponds- moi!
Ma voix, tu la veux emmurée, silencieuse
Tu me veux muette?
Je ne peux pas, ne peux plus me taire
Besoin de parler, de m’exprimer
À toi mon pays entier, ma déchirure de ces dernières années
Tu oublies les partitions musicales de nos accords d’hier?
Tu désertes les plaines et les forêts lointaines
Tu as pris une barque pour quitter le fleuve?
Quels sont tes projets intimes, amicaux, sociaux?
Allez, ouvre-toi, ouvre-moi ta porte pour une inoubliable rencontre historique
Dénoue ce qui te retient, te maintient en soumission
En indécision, en latence, en attente
Mon pays, gens de mon pays
Que faites-vous donc à vous terrer ainsi, à ne pas oser les vents de la liberté
À endurer ces maux, ces maudits maux de la peur, de la torpeur
Pourquoi vous ne prenez aucun chemin d’avenir
Mon pays, mon peuple
Un même et seul habitacle
Un même destin à connaître
L’année, le jour,
L’heure de notre délivrance
N’a-t-elle pas assez mûrie ?
Devrai-je mourir en pleurant
Sur notre commune défaite?
Devrai-je accepter la reddition
Tout bonnement, tout simplement?
Je ne veux pas, ne peux toujours pas
J’ai l’entêtement diurne
La persévérance de la guerrière
La force des racines de ma terre
J’ai tout ça pour continuer
Allez, fais-moi un signe mon pays
Faites-moi signe gens de mon pays
Que je vive dans la joie aujourd’hui
Que j’accueille demain dans la ferveur et l’allégresse
Sinon à quoi me sert-il de parler,
D’écrire, de chanter?
France Bonneau (14 avril 2016)
Indépendantes.quebec